Nobles Ensembles, épisode 1 La rencontre. 2ième partie

par Kimozirt Jeu 12 Mar - 23:28

Deuxième partie

Ce Worj-ci n’était autre que Morgloboth, le plus fidèle serviteur de Morbylath, roi des Worjs sur cette terre. Immense en comparaison de ses compagnons, il mesure au moins deux mètres. Ses bras sont aussi noueux et gros que ceux d’un Ent.

Myloute, Jason et Obésian n’eurent d’autre choix que de se jeter sur le côté lorsque

les Faraudes (*) envahirent la clairière, projetant une pluie de flèches quelques secondes plus tard.

- Le destin de cette damoiselle est scellé, chuchota Myloute. Nous ne pouvons la sauver. Le combat serait inégal. Ils vont lui trancher une artère, offrir son sang… Morbylath reprendra sa forme humaine, la licorne sera dévorée par les Worjs et damoiselle Christal deviendra l’esclave des Faraudes. Nous avons échoué, Morbylath va acquérir une puissance telle qu’il sera de plus en plus difficile de le contrer. Nous aurions dû achever la licorne.

(*) Faraudes, tribu nomade, dont les femmes se livrent exclusivement aux arts de la guerre tandis que les mâles sont au service de la descendance de sexe féminin. Les Faraudes se plaisent à capturer des femmes d’autres tribus, pour les offrir comme esclaves sexuelles à leurs mâles. Chaque retour de guerre ou de razzia donne lieu à des fêtes dont les spectacles sont des combats entre esclaves sexuelles et mâles. Les esclaves qui sortent victorieuses des combats peuvent choisir de se joindre les Faraudes ou partir libre.

Le puissant roi des Worjs descend de sa monture. Ses pieds immenses cognent le sol et sa voix explose dans la clairière :

- Partez, je protège maintenant mon seigneur et maitre. Partez ou bien vous mourrez tous. Mon armée de gobelins approche.

Jason murmure :

- Cent faraudes, six worjs, un lygre, quelques dragons… Ils ne sont pas assez nombreux ! Nous avons encore une chance…

Obésian esquisse un sourire avant de répondre :

- Jason, pour le plaisir du combat, tu serais prêt à verser la dernière goutte de ton sang. Je te reconnais bien là, mon ami. Hélas, la tâche qui nous incombe ne peut être sacrifiée pour l’honneur. La vie est plus complexe.

Morgloboth a levé l’un de ses quatre bras en l’air. Il s’apprête à donner le signal de l’attaque lorsqu’une flèche d’argent vient se planter entre deux de ses doigts, déchiquetant son gant de cuir.

- Ssoris, grogne le Worj, levant les yeux au ciel. Où es-tu ? Il n’est point temps de s’amuser. Mon seigneur est las de tes frasques. Montre-toi ou bien il t’en cuira !

Un rire joyeux tomba des nuages, suivi par un oiseau à l’envergure imposante. Debout sur le dos de l’aigle Myjack, seigneur entre tous les oiseaux, danse Ssoris, arc en bandoulière et flèches rangées dans le carquois.

- Alors, ne suis-je pas le plus habile ? hurle-t-il, les mains en porte-voix alors que l’oiseau plane encore à plus de cent mètres d’altitude. Juste entre tes petits doigts ! Worjouille…

Près du saule, Galahad a donné un coup de coude dans les côtes d’Alex.

- Observe bien ce guerrier, dit-il. Il est une énigme pour tous… Tantôt combattant au côté de l’ombre, il porte alors le nom de Ssoris, tantôt au service de la lumière, il se désigne alors par Siross. L’ombre et la lumière. Seul le plaisir de se battre le guide. Son honneur réside dans l’art du combat. Il défie tous les chevaliers qui croisent son chemin. Il n’est ni bon, ni mauvais. Il aime jouer et jouter… Sa vie n’est que combats et stratégie. Ainsi sera sa mort, je le crois.

- Qu’est-ce là donc ? demande Siross / Soriss lorsque l’aigle le dépose au milieu de la clairière. Worjouille, allez-vous combattre à cent contre six ?

- Non, Ssoris, pas cent contre six. Mais cent contre trois. Seulement Obesian, Myloute et Jason sont nos ennemis. Ils ont poursuivi mon maitre depuis que nous avons pillé la Bieltan. Les autres, qu’ils passent leur chemin et ils seront épargnés.

- Allons, Morgloboth, tu sais que non seulement je ne me joindrai pas à toi en ce jour, mais qu’au contraire, je défendrai ces trois insectes. Pour le plaisir…

Jason ne put supporter l’ironie.

- Insecte ? Qui es-tu donc pour nous traiter de la sorte ? Aie donc le courage de te battre contre moi, et tu verras lequel des insectes va perdre ses mandibules baveuses.

Siross s’approche de Jason, le toise puis se détourne pour s’adresser à Obésian :

- Messire Obesian, quel paltoquet prétentieux as-tu donc là recruté ?

- Paltoquet ? réplique Obésian avec froideur. Non, Jason n’est certes point un paltoquet. Impulsif, sans le moindre doute. Mais pas moins courageux que tu es adroit et droit. Et ses qualités en font un guerrier aussi redoutable que toi, Siross.

Myloute s’enflamme :

- Comment l’homme qui chevauche aux côtés de nos ennemis pourrait-il être droit ?

C’est à cet instant que Morgloboth perdit patience.

- Je n’ai pas de temps à perdre ici. Ssoris, choisis ton camp sur l’instant.

Et levant de nouveau l’un de ses bras, il lance l’attaque.

Les Faraudes encerclent illico le trio. Siross n’hésite pas. Il fait face, des shuriken apparaissant comme par magie dans ses mains.

- Je te l’ai dit, Morgloboth, j’aime trop l’art du combat pour ne pas participer à celui-ci.

Tout le temps qu’avait duré ce palabre, Galahad s’était éloigné. Laissant Plakto et Alex près du saule. Il avait rejoint le côté opposé de la clairière, ses yeux ne quittaient toujours pas Christal. Étrangement, les paupières de celle-ci étaient fermées et la damoiselle ne bougeait pas d’un cil.

- Tuez les tous les quatre, ordonna Morgloboth. Pour prix de votre victoire, aussi peu honorable soit-elle, vous recevrez plus tard cette jeune vierge.

Il désignait alors Christal, qu’il rejoignit d’une enjambée. Il l’observa un instant, puis d’un geste vif lui prit un bras et brandit une dague.